Née le 25 août 1857 à Verrières-le-Buisson – Morte le 15 juillet 1943 à Paris.

Marie Charlotte Constance Say, par ses mariages princesse de Broglie puis princesse d’Orléans, est la fille et la petite-fille des industriels du sucre Constant (1816-1871) et Louis Say (1774-1840) ainsi que la petite-nièce de l’économiste Jean-Baptiste Say (1767-1832).

Elle a une sœur, Jeanne (1848-1916), mariée au marquis Roland de Cossé-Brissac (1843-1871), et un frère, Henry (1855-1899) qui succède à leur père, dans la raffinerie Say.

Orpheline à 14 ans en 1871, Marie Say hérite d’une immense fortune bâtie par son grand-père, l’industriel du sucre Louis Say. À l’âge de 17 ans, elle s’entiche du château de Chaumont-sur-Loire et l’acquiert, le 17 mars 1875, pour 1 706 500 francs-or, payés « sur ses économies de jeune fille ».

Le 8 juin 1875, Marie épouse, en premières noces, le prince Henri Amédée de Broglie (1849-1917), fils du duc Albert de Broglie (1821-1901) et de Pauline de Galard de Brassac de Béarn (1825-1860). De ce mariage naissent cinq enfants. À l’époque de son mariage, le prince Amédée poursuit une carrière militaire mais, très amoureux de son épouse, il abandonne, à sa demande, ses fonctions dans l’armée en 1890.

Outre Chaumont, Marie amène alors en dot un hôtel particulier situé au n° 10 de la rue de Solferino, à Paris, et douze millions de francs-or. Elle reçoit alors quantité d’artistes et d’intellectuels tels que les écrivains Marcel Proust, Léon Daudet et Jean Cocteau ou le pianiste Francis Poulenc. Certains de ces artistes sont également invités à Chaumont.

Marie organise par ailleurs de nombreuses fêtes durant lesquelles elle reçoit les figures du Tout-Paris : Robert de Montesquiou-Fezensac, Boni de Castellane, Edmond de Polignac, Winnaretta Singer et Élisabeth de Gramont sont ainsi des proches de la princesse et de son époux.

Dans les années 1910, Marie tombe amoureuse du tango, auxquels l’initient l’infant Louis-Ferdinand d’Orléans et ses favoris le marquis Falco de Vasconcellos et Jose Maria Soto. Malgré les critiques de l’archevêque de Paris, qui ne voit dans cette danse qu’une pratique pornographique, la princesse devient d’ailleurs si experte dans cette danse qu’elle gagne en 1913, à l’âge de 56 ans, le 1er prix d’un grand concours parisien.

Avec son époux, Marie passe la moitié de l’année à Chaumont, en automne, en hiver et durant une partie de l’été. Afin de restaurer et de moderniser le château, elle y fait réaliser, de 1875 à 1890, de fastueux aménagements par l’architecte Ernest Sanson : restitution de nombreux éléments du décor extérieur et intérieur dans l’esprit néorenaissance, construction d’importantes et luxueuses écuries « à l’anglaise » bénéficiant d’aménagements modernes, installation de l’eau courante et de l’électricité, etc.

À partir de 1884, le parc du château est recréé par le paysagiste Henri Duchêne. Pour ce faire, des maisons vétustes, encombrant les abords du château, sont démolies et leurs habitants relogés sur les bords de la Loire, tandis que la vieille église et le cimetière sont déplacés et reconstruits. L’alimentation en eau du domaine est complétée par un pompage sous la Loire. Le coût de ces énormes travaux s’élève à 560 000 francs-or, sans entamer pour autant le capital d’une fortune colossale.

Les Broglie constituent par ailleurs, par acquisitions successives, un immense domaine agricole et forestier de 2 500 hectares. Quelque peu physiocrates, ils font édifier, entre 1903 et 1913, une ferme-modèle, dont le coût gigantesque empêche cependant qu’elle soit terminée. Enfin, passionnée par la botanique, et notamment par les orchidées comme les cattleyas, la princesse fait construire d’importantes serres tropicales dans les jardins du château.

Pendant près de quarante ans, Chaumont et l’hôtel de la rue de Solférino sont le cadre de fêtes somptueuses. Ainsi, pour divertir ses invités de marque, la princesse n’hésite pas à faire venir par train spécial la troupe de la Comédie-Française ou l’Opéra de Paris et son orchestre dans son château.

André de Fouquières raconte que « la princesse, éprise de splendeurs orientales, aimait à recevoir les grands seigneurs des Indes, les maharajahs de Kapurthala, de Baroda, de Patiala. » En octobre 1898, son ami, le maharajah de Kapurthala, lui fait d’ailleurs présent d’une femelle éléphant nommée Miss Pundgi.

En 1905, le « krach Crosnier », au terme duquel le directeur général de la raffinerie Say, François-Ernest Crosnier (qui avait utilisé les fonds de la société pour spéculer sur le coton), se suicida le 27 août, amoindrit les revenus du patrimoine de la princesse. On dit qu’après une première chute de la Bourse qui lui avait fait perdre vingt-huit millions or, elle dit d’un ton léger à son mari : « Je crois qu’il faudra diminuer notre train de vie. Aussi j’ai décidé de supprimer les petits pains de foie gras du goûter. ».

Mais de nouveaux revers contraignirent à des mesures plus drastiques. L’éléphante, dont la seule construction de l’aouda et la nourriture représentaient une dépense de vingt chevaux, fut soignée par quatre cornacs successifs avant d’être donnée au Jardin d’acclimatation de Paris où, amoureuse dédaignée du grand éléphant mâle, elle dépérit et mourut.

Veuve en 1917, la princesse se remarie, en 1930, avec le prince Louis-Ferdinand d’Orléans (1888-1945), fils cadet du prince Antoine d’Orléans (1866-1930), duc de Galliera, et de son épouse la princesse Eulalie de Bourbon (1864-1958), infante d’Espagne. L’annonce fait scandale : l’extravagant prince Louis-Ferdinand est âgé de près de 42 ans alors que Marie en a 73. Cet époux volage et peu scrupuleux achève d’ailleurs de dilapider la fortune de sa femme. Il faut vendre l’hôtel particulier de la rue de Solférino puis, en 1938, le château de Chaumont, cédé à l’État pour 1 800 000 francs.

En 1943, la princesse quasi-ruinée meurt, à 86 ans, dans un modeste appartement de la rue de Grenelle.

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